Les meilleures choses ont une fin. Et l’un des plus beaux disques qui soient, Apple Venus, vol. 1, se finit avec cette très triste et très belle chanson, “The Last Balloon”.

La mélodie, composée sur la fameuse guitare roumaine appartenant à la fille d’Andy, était, au départ, destinée à un musicien italien, mais les choses ne se sont pas faites, et Andy Partridge l’a gardée pour lui. Comme il a eu raison !*

Quand Andy pense à un ballon, il entend un clavecin (et vice-versa)**. C’est la raison pour laquelle nous allons, une fois n’est pas coutume, écouter la maquette qui se trouve, vous le savez maintenant sur le cd Homespun. Fait avec les moyens du bord, le “clavecin” est, en fait un échantillon (sample) d’une guitare à cordes nylon, et la trompette, un “sample” de trompette.

En studio, tout ça change considérablement, et, au début, on entend un triangle, et Andy qui tapote une cymbale. Le clavecin est un vrai clavecin, si vous acceptez d’appeler ainsi l’instrument électrique de marque Baldwin utilisé par Haydn Bendall ; on repère également les cordes du Proteus d’Andy et un peu de Mellotron, lequel est l’héritage de Dave Gregory. Colin utilise deux basses différentes (dont son Epiphone Newport).

Le ballon dont il est question est en fait une montgolfière dans la nacelle de laquelle il faut grimper afin de se détacher de ces contingences terrestres.

Et rien n’évoque mieux cette libération que cette trompette, pardon, ce bugle, (flugelhorn, en Anglais) que l’on entend à la fin, qui s’articule d’une extraordinaire façon avec la fin de la voix chantée. Pourquoi un bugle, et pas une trompette ? Andy a la réponse, qu’il énonce doctement : «Les trompettes sont jaunes, alors que les bugles sont plutôt brun-orangés !». Vous vous souvenez de cette épique journée d’enregistrement à Abbey Road ? Eh bien, lorsque les musiciens avaient terminé leurs parties, ils rangeait leurs instruments et partaient. Ce qui fait qu’à deux heures du matin, il n’en restait plus qu’un : Guy Barker. Et son chorus final de bugle est tout simplement magique ! Il termine en apothéose l’un des trois plus grands disques de toute l’histoire de la pop music, et il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que j’annonce tranquillement : le plus grand.

*Il faut évidemment vous reporter à toutes les chroniques traitant de Apple Venus vol. 1 **Cette chronique s’appuie largement sur l’interview qu’Andy a donnée à Todd Bernhardt en octobre 2008, et qu’on trouve dans leur livre cité par ailleurs

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