Ce n’est pas la première fois que la même chanson apparaît dans mon blog sous une forme un peu différente. Mais il faut donc que vous vous reportiez à ce que j’écrivais à propos de “San Geronimo”, dans la version initiale, c’est-à-dire celle chantée par le jeune Mark Kozelek au sein des Red House Painters sur leur album Ocean Beach.(1995)

Il n’est donc pas inintéressant de voir ce que la chanson est devenue, 13 ans plus tard, telle qu’elle apparaît sur le cd 7 Songs Belfast, enregistré pour l’essentiel au Blackbox de Belfast le 4 novembre 2007. Mark y est accompagné par Phil Carney.

Je l’avais déjà dit clairement, Mark, jeune, avec les RHP, est au sommet. Non pas que la jeunesse soit une qualité intrinsèque qui donnerait à son possesseur une supériorité ou une pertinence, impossibles à retrouver par la suite, mais il est un fait que, surtout dans le rock n’ roll, l’urgence, la frustration, la morgue, la colère ont tendance à diminuer d’intensité avec les années, et que ces sentiments, propres à la jeunesse, nourrissent les musiques auxquelles je m’intéresse.

Écoutez donc “San Geronimo” sur 7 Songs Belfast (ou sur le Find Me, Ruben Olivares paru l’année suivante) et vous y entendrez un Kozelek mûri, sans doute apaisé, rassuré, ayant conservé son acuité, mais moins disposé à mordre ou à cracher son venin. Ce n’est pas, artistiquement, “moins bien”, ça dit juste les choses d’une manière très différente, avec une nostalgie plus marquée, avec une tendresse plus grande, avec une fatigue un peu palpable. L’apparition des premières rides peut avoir beaucoup de charme. Je vous laisse décider.

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