“Venus In Furs” (en Français, “La Vénus à la Fourrure”) est le titre d’une nouvelle écrite en 1870 par Léopold von Sacher-Masoch, qui conte la relation entre Severin, et sa maîtresse Wanda, dont il souhaite qu’elle le domine et en fasse son esclave sexuel. Ça ne se finira pas bien, car Wanda sera attirée par un autre homme, et Severin, dégoûté, abandonnera ses pratiques.

C’est donc tout naturellement que nos amis du Velvet Underground, et, en particulier, Lou Reed (1942-2013), leur chanteur, guitariste et compositeur, totalement en rupture avec la béatitude hippie dominante de l’époque, se tourneront vers ce bel exemple de sexualité différente, pour composer l’une de leurs chansons parmi les plus fortes et emblématiques, “Venus In Furs”.

Le Velvet Underground, ce sont Lou Reed et John Cale, autour desquels se sont rassemblés Sterling Morrisson (1942-1995) à la basse et à la guitare rythmique, et Maureen, dite “Mo” Tucker aux percussions.

Repérés et produits par Andy Warhol*, qui leur imposa, avec un certain à-propos, je dois dire, la chanteuse Nico, et qui voulait se rapprocher d’un groupe de rock pour animer la Factory, le groupe enregistra ce premier album, “The Velvet Underground & Nico” qui est une œuvre majeure de la musique du XXème siècle. Il y a le célèbre aphorisme, rapporté par Brian Eno, qui veut que « seulement quelques milliers de personnes ont acheté le disque quand il est sorti en mars 1967, et toutes ces personnes ont formé un groupe.» Qui allait acheter un disque dont les seuls thèmes étaient la drogue, la prostitution et les sexualités alternatives, je vous le demande ? Je ne vais pas crâner : je n’ai pas, en 1967, acheté “The Velvet Underground & Nico”.

Et pourtant, “Venus In Furs” est une chanson inouïe, déchirée par le violon alto de John Cale, la voix singulière de Lou Reed, et sa guitare “ostrich” dont toutes les cordes rendaient la note ré bémol, les coups sourds de Moe, sur son tom basse**, vraiment quelque chose dont on ne sort pas indemne !

Œuvre visionnaire, ce premier opus du Velvet Underground annonçait des lendemains sombres et terribles, à mille lieues du “flower power” californien.

Mais c’étaient eux qui avaient raison, et qui prophétisaient cet avenir qui est devenu notre présent.

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*Rassurez-vous, Andy Warhol n’a jamais mis les pieds dans un studio d’enregistrement. La production a été assurée par Tom Wilson.

**Difficile, en effet de parler de batterie pour caractériser cet instrument primitif.

 

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