Afin de préparer mon petit article à propos de cette chanson, je lisais ce qui s’écrivait dans les journaux, sur le Net et les forums, au printemps 2010, quand “Shadows”, le 9ème album de Teenage Fanclub est sorti.
A part un grincheux, journaliste dans une revue américaine que je ne nommerai pas, Shadows a reçu d’excellentes critiques, à mon avis, tout à fait méritées, mais peu de gens sont arrivés à énoncer ce fait simple et pourtant évident, que Teenage Fanclub (dont le précédent album, Man-Made, datait tout de même de 2005) est sans doute le groupe qui vieillit avec le plus d’élégance.
Sans diminuer les mérites de Gerard Love, le bassiste, qui nous donne 4 belles chansons, ni de Raymond McGinley, le guitariste soliste, qui en donne également 4 à cet album, je constate une fois de plus que le génie de ce groupe s’est installé dans le cerveau de Norman Blake, à l’origine de 4 autres chansons. Et pendant que j’y suis, saluons le talent de Francis McDonald à la batterie et du membre à part entière qu’est David McGowan aux claviers et à la guitare.
Norman Blake est donc l’auteur, le compositeur et l’interprète de ce miracle qu’est “When I Still Have Thee”. Ce que les Byrds ou Big Star nous ont légués de plus précieux, Blake en est aujourd’hui le dépositaire, l’héritier, le légataire, mais plus que cela, le continuateur, celui qui fait fructifier ce legs pour en accroître encore les promesses et les richesses.
Pourquoi cette chanson ? La mélodie est simplissime, les accords de guitare pourraient être joués par un débutant, tout comme l’accompagnement aux claviers, le chorus ne comporte que quelques notes, les paroles, toutes d’amour et de bonheur, en paraissent un peu naïves….
J’écrivais, un peu plus haut, que TFC vieillissait avec élégance, et, effectivement, nous y sommes : cette chanson est une comptine pop ; tout y est dégraissé, simple, presque enfantin, aucun trait n’est surchargé, on n’est pas loin de l’épure, et c’est ce qui fait que cette mélodie se grave dans notre cerveau, et n’en partira plus.
Tout comme Picasso qui disait qu’enfant, il peignait comme Ingres et qu’il lui avait fallu toute sa vie pour apprendre à peindre comme un enfant, Blake et ses compagnons s’approchent du moment où leur musique ne s’adressera plus qu’à l’enfant qui subsiste dans chaque auditeur.
Tout au moins à ceux qui n’ont pas les oreilles trop bouchées.

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