Aaaah ! “Sticky Fingers” ! Je dois encore avoir chez moi le 33 t. avec la fermeture éclair. “Brown Sugar” est le premier single tiré de l’album, sorti une semaine avant ce dernier, et d’ailleurs premier single jamais sorti sur Rolling Stones Records.

Cette chanson ultra-célèbre, entendue jusqu’à l’overdose (hi, hi !) est entièrement de la main de Mick Jagger qui l’a écrite et composée pendant qu’il tournait “Ned Kelly” en Australie. La version de travail portait le nom charmant de “Black Pussy”.

Je ne vais pas m’étendre sur les paroles qui jouent sur la polysémie entre le brown sugar (mélange d’héroine et de poudre d’opium, qui lui donne une couleur brune) et la couleur de la peau des filles, si appréciées par les esclavagistes du Sud ; en tout cas ça a conduit le Révérend Jesse Jackson à demander l’interdiction des passages radio de la chanson pour “racisme”.

L’enregistrement, produit par Jimmy Miller, s’est déroulé les 3, 4 et 14 décembre 1969 aux studios Muscle Shoals, dans l’Alabama. Je rappelle, au passage, que la première version en public de “Brown Sugar” fut exécutée le même jour que Meredith Hunter, soit le 6 décembre 1969 au Festival d’Altamont*.

Le 24 avril 1970, Bobby Keys, dont l’apport à “Brown Sugar” est rien moins que considérable, ajouta sa piste de saxophone. Le tout fut finalisé en décembre 1970 aux studios Olympic Sound, à Londres.

Je ne terminerai pas cette chronique sans parler de la version de “Brown Sugar” enregistrée le 18 décembre 1970 aux studios Olympic, à l’occasion des anniversaires de Keith et de Bobby Keys. On avait invité Al Kooper, George Harrison, et surtout Eric Clapton. Alcool, hash cakes, et jam session pour terminer, avec Al Kooper jouant une guitare rythmique, et surtout Clapton, à la slide. On peut entendre ça parce que l’enregistrement est enfin sorti sur la luxueuse réédition 2015 de “Sticky Fingers” ; la voix de Keith (sic) est assez en avant ; quant à Eric, avec son bottleneck, pressenti un temps pour faire partie des Stones, on comprend qu’on lui ait préféré l’honnête Ron Wood, car, soyez très attentifs à cette piste de slide guitar : Eric Clapton n’écoute que lui-même…***

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*ceux que la phrase précédente rendraient perplexes pourront utilement se reporter au livre de Gerard Van der Leun : “Let It Bleed : The Rolling Stones, Altamont and the End of the Sixties”.

** https://youtu.be/GuVax7iMM6Y

***il est strictement interdit de donner mon vrai nom ou n’importe quel élément permettant de m’identifier, les Admirateurs d’Eric Clapton ayant juré ma perte.

 

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